Tubize : Monument aux morts
L’histoire de certains Monuments aux Morts a parfoit été mouvementée. C’est le cas notamment à Tubize. Le choix du projet, celui de l’emplacement, le coût des travaux, suscitèrent parfois des débats ou des conflits interminables, aujourd’hui heureusement tombés dans l’oubli.
En 1920, le comité constitué d’Anciens Combattants et Déportés prit la décision d’ériger un Monument aux Morts. Ses membres chargèrent l’architecte Nicolas Klinkers, de Seraing, de l’édifier. C’était le début d’une longue saga qui ne prit fin que le 9 octobre 1921, jour de l’inauguration du monument sur la Grand Place de Tubize.
Les autorités communales avaient donné l’autorisation au Comité de lever une souscription publique afin d’obtenir les fonds nécessaires. Parallèlement, il s’agissait de décider de l’emplacement où serait érigé le monument projeté. Les discussions allaient bon train : cimetière ou place publique ?
En sa séance du 20 septembre 1920, le Conseil communal prit la décision qu’il serait installé sur la Grand Place et chargea les Conseillers Breteau, Blondeau et Simonet de se mette en contact avec le Comité des Combattants pour régler cette affaire.
Apparemment le dossier avait du mal à avancer et, le 24 avril 1921, le Conseil communal interrogeait l’architecte Klinckers au sujet du monumen projeté au cimetière ! Ce dernier avait donc été chargé (par le Comité?) d’établir un projet visiblement différent de celui qui avait été décidé par les autorités communales. Le bras de fer semble s’être poursuivi tout un temps. Sans doute les opposants au projet de la Grand Place firent valoir que la Commission des Monuments s’opposerait à l’érection du monument prévu. Les autorités communales s’adressèrent alors à la Commission pour avoir son avi (Conseil communal du 6 juillet 1921). Et sur décision du Conseil communal du 1er juin 1921, le Comité des Anciens Combattants fut convoqué à la Maison communale pour examiner à nouveau le choix de l’emplacement du monument. Il semble qu’à la suite de cette réunion un accord se fit sur le projet proposé par l’architecte Klinckers. Le Conseil communa donna l’autoriation de commener les travaux … bientôt arrêtés sur ordre du bourgmestre Jacquet.
Suivirent les élections communales et la mise en place d’un nouveau Conseil. Il fallut reprendre le dossier et convoquer une fois de plus le Comité des Anciens Combattants. A cette occasion, on revint sur le choix de l’emplacement du monument. Lors de cette réunion décisive, Mr Baudoux, favorable à son érection au cimetière, fil valoir les arguments suivants, sans doute représentatifs de l’opinion des opposants au projet de la Grand Place : l’emplacement décidé par le pouvoir communal lui semblait inesthétique ; l’élévation d’un tombeau monumental pour les morts qui allaient bientôt être transférés depuis le front vers le cimetière devait s’imposer ; la Commission des Monuments opposait son veto au projet communal ; et une partie de la population y était hostile.
A ces arguments la Commission des Monuments rétorqua qu’ils n’étaient « nullement intransigeants quant à l’emplacement exact du monument ». Le point soulevé par la Commission portait plutôt sur l’emplacement sur la place, soit en son milieu, soit sur un coin. Les maisons formant le coin de la Grand Place et de la rue de la Station allaient être expropriées et rasées. Cela pourrait servir d’emplacement, qualifié « d’idéal » par la Commission. Celle-ci réclamait simplement une concession au cimetière pour les morts, mais pas nécessairement un monument. A ses yeux d’ailleurs, le monument projeté n’avait rien de funéraire. Le Collège proposait d’ailleurs d’élever un second monument au cimetière, projet que soutenait la Commission.
Au terme de cette réunion, le Comité des Anciens Combattants manifesta son soulagement, persuadé d’avoir obtenu gain de cause et que son projet de monument au cimetière l’emportait sur celui de la Grand Place. Toutefois, en sa séance du 18 août 1921, le Conseil communal pris la décision, 8 voix contre 2, que le Monument des Combattants et des Déportés de la commune serait bien érigé sur la Grand Place. Il décida ensuite de construire un caveau recouvert d’un mémorial empierré au centre du jardinet qui précède le cimetière, pour y faire reposer les corps des combattants morts pour la Patrie, ainsi que les Déportés mort à ce jour des suites de leur déportation.
Le Monument aux Morts de la Grand Place fut finalement inauguré le 9 octobre 1921, en présence du major Müller, représentant de S.M. le roi Albert. De nombreuses autorités, Sociétés de Combattants et de Déportés, et une foule immense assistèrent aux cérémonies. En tout ce sont 82 groupes qui composèrent le cortège, comme en témoigne le programme des festivités.
Il n’y resta pas même 10 ans ! On se rendit vite compte que cet emplacement convenait mal, surtout les jours de marché. Le 3 avril 1930, le Conseil communal pris la décision de transférer le Monument aux Morts de la Grand Place vers la rue de Mons, à la sortie de l’agglomération. Cela se fit officiellement au mois de juillet, à l’occasion des fêtes qui marquèrent le Centenaire de l’Indépendance de la Belgique. Le monument prit place sur un terrain situé entre la rue de Mons et la place Joseph Wauters (actuelle Place du Remblais), lequel prit depuis le nom de Square de la Liberté.
Description du monument
Le monument aux morts de Tubize est du type socle en pierre bleue surmonté d’une statue en bronze d’un soldat tenant le drapeau. Il est installé sur une terre-plein recouvert de gravier rouge. Le socle est au centre d’un parterre en pierre bleue délimité en quatre caissons par des parois en pierre bleue sculptées d’un motif en volute qui rejoignent les angles du monument et sont surmontées de brûles parfum en bronze.
Sur la face principale, le socle présente, dans son registre inférieur les dates « 1914-18 » et « 1940-45 » accostées d’une palme de martyr, d’un rameau de feuilles de lauriers, symbole de victoire, et d’un rameau de feuilles de chêne, symbole de force et de courage, entrecroisés. Le registre supérieur est occupé par un fronton présentant un casque de soldat posé sur deux épées croisées une un rameau de laurier. Ce motif se répète sur chaque face. Entre les deux on trouve l’inscription principale :
AUX
HEROS
MORTS
POUR LA DEFENSE
DU DROIT ET DE LA JUSTICE
ET DE LA
LIBERTÉ
——–
TUBIZE
A SES ENFANTS
——–
PERPETUEL SOUVENIR
1914-18
1940-45
Sur les deux faces latérales, une plaque de bronze avec des noms en reliefs, est scellée dans le socle de pierre bleue :
† NOS HEROS † | |
BAUWENS PRUDENT | DEJONGHE MARCEL |
† NOS HEROS † | |
HOGNE RENE | SERGENT JULES |
Le socle est surmonté d’une statue en bronze d’un soldat en uniforme de la Première Guerre Mondiale tenant fièrement contre lui un drapeau national enroulé autour de sa hampe et surmonté d’une couronne de laurier et d’un lion belge. Le regard du soldat est porté vers le loin et semble défier l’ennemi.