Les traces de l’occupation humaine sur le territoire de Tubize remontent à la préhistoire. Des populations celtes et ensuite gallo-romaines occupèrent par la suite le site, comme en attestent quelques découvertes archéologiques. Mais c’est au Haut Moyen Age que débute véritablement l’histoire du territoire auquel on donna le nom de Tubize. Certains auteurs en on fait une possession des pépinides au 7e s., laquelle aurait été donnée par Itte, veuve de Pepin de Landen, et Gertrude, leur fille, à l’abbaye de Nivelles qu’elles venaient de fonder. Quoi qu’il en soit, le domaine de Tubize est effectivement mentionné dans les possessions de l’abbaye nivelloise en 877. Il comprenait alors les territoires qui formeront plus tard les villages d’Oisquercq et de Clabecq, et même le Sart d’Ittre. L’ensemble formait la paroisse primitive de Tubize, dont se détacha, fort tôt au 12e s peut-être déjà, la paroisse d’Oisquercq, et beaucoup plus tardivement, en 1863, celle de Clabecq.
Au 12e s., les comtes de Louvain, ducs de Lotharingie et avoués de l’abbaye de Nivelles, usurpèrent allègrement biens et droits de l’institution religieuse, dont ils étaient censés être les protecteurs. Ils y taillèrent des fiefs pour leurs vassaux. Ainsi naquirent vraisemblablement les seigneuries d’Oisquercq et de Clabecq, détachées de la juridiction de Tubize. Ils cédèrent ensuite leur avouerie locale sur Tubize au plus puissant lignage de la région, les Enghien, lesquels devinrent rapidement les véritables seigneurs de Tubize. A la suite d’usurpations répétées et d’accords plus ou moins respectés, l’abbaye ne conserva qu’une partie de ses droits fonciers sur le territoire tubizien. La justice était exercée par le seigneur d’Enghien et, particularité propre à Tubize, selon la coutume de Genappe sur une partie de son territoire, selon la coutume de Nivelles sur l’autre. Tubize était alors l’un des villages des possessions brabançonnes des seigneurs d’Enghien. A la fin du 14e s., les fiefs brabançons des Enghien passèrent en partie à une branche cadette de cette illustre famille. On parla désormais de la principauté de Rebecq, restée aux mains des seigneurs d’Enghien, et de la Cour féodale de Tubize, passée à la branche des Enghien-Ramerut. Le seigneur de Tubize ne disposa désormais plus que de la moyenne et de la basse justice sur sa juridiction de Tubize, le seigneur d’Enghien se réservant malgré tout la haute justice. La seigneurie de Tubize passa ensuite dans différentes familles avant d’être rachetée, le 18 octobre 1700, par le chapitre de Nivelles, qui redevint par là même le principal seigneur du village.
La situation stratégique de Tubize, passage de la Senne obligé entre le comté de Hainaut et le duché de Brabant, entraîna la localité dans les guerres de la fin du 12e s. entre ces deux principautés naissantes. Une fortification brabançonne du type site fossoyé avec levées de terre et palissades en bois fut implantée à Tubize. Un site semblable existait à Oisquercq et une tour avait été érigée à Hobruges, sur le territoire de Tubize. Ces modestes places fortes commandaient les passages sur la Senne et sur la Sennette. Elles furent anéanties en 1191 lors de ces conflits.
Tubize resta un village essentiellement agricole jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Au 19e s., avec la Révolution industrielle, l’agglomération se mua rapidement en cité ouvrière. L’ouverture du Canal Bruxelles-Charleroi en 1832, l’inauguration de la gare de Tubize en 1840 sur la ligne venant de Bruxelles, et la chaussée pavée reliant Mons à Bruxelles, favorisèrent l’implantation précoce d’entreprises industrielles. Citons, parmi les plus connues, les Forges de Clabecq, les Etablissements Léon Champagne (Briqueterie et majoliques artistiques), les Ateliers Métallurgiques de Tubize (locomotives à vapeur), La Soierie artificielle de Tubize (Fabelta), diverses fonderies et quelques ateliers mécaniques. Cette industrialisation provoqua une croissance démographique soutenue et une transformation radicale du tissu urbain avec l’implantation massive de maisons ouvrières, parfois regroupées en véritables cités.
Le territoire de Tubize se déploie en suivant les vallées de la Sennette, du Coeurcq et de la Senne. Les lignes de crêtes séparant ces trois vallées offrent de magnifiques points de vue sur les campagnes environnantes. Elles sont occupées par de très vieux chemins devenus des axes routiers importants qui convergent vers le centre de Tubize, y passent la Senne, et poursuivent en direction de Bruxelles.
Au centre, l’église Sainte-Gertrude, édifice du milieu du 16e s. bâti sur l’emplacement d’une église plus ancienne, borde la chaussée reliant Mons à Bruxelles (pavée au début du 18e s.).
Derrière l’église, la Maison communale, remarquable édifice éclectique de la fin du 19e s., du à l’architecte Léon Govaerts, impose sa haute silhouette.
Sur la place, entièrement rénovée en 2006, on remarque la statue toute récente du Betchard, personnification du Tubizien d’antan. L’ensemble est aujourd’hui remarquablement illuminé la nuit.
En prenant la rue de Bruxelles, on atteint le Musée « de la Porte », Musée d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Tubize et de la région. Rénové en 2007, il présente des collections riches et variées centrées sur la préhistoire régionale, le passé gallo-romain, l’histoire régionale et en particulier le passé industriel de la localité, et les trésors d’art religieux du doyenné de Tubize.
En remontant la Senne, on rencontre de très veilles fermes, notamment la ferme de la Neuve Cour, dont certaines parties remontent certainement au 17e s., et celle de la Vieille Cour, dont les bâtiments actuels sont plus récents (18e s. et 19e s.) mais dont l’existence est attestée depuis l’époque médiévale. Elle était le centre d’une petite seigneurie foncière.
Plus en amont, on rejoint le sympathique hameau de Ripain et son ancien moulin. Il appartenait jadis à au chapitre Sainte-Gertrude de Nivelles. Actuellement, il est réaffecté en habitation privée.
Tout près du moulin, sur la hauteur, on peut admirer la ferme Delval ou des pauvres, ainsi dénommé parce qu’elle appartenait avec ses terres à la Table des Pauvres de Tubize.
En remontant la chaussée de Mons et en redescendant dans la vallée du Coeurcq, affluent de la Senne, on aperçoit la Cense de Renarbus (Ferme Massart), entourée du Parc communal. Cette ferme était le centre d’une seigneurie foncière importante déjà mentionnée au 13e s.
Un sentier longe le ruisseau et permet d’atteindre, par une vallée bucolique, le petit hameau de Stéhoux où l’on exploitait déjà une carrière de pierres schisteuses au 13e s.
Plus en amont, on atteint la cascade de Coeurcq, considérée comme la seconde en importance en Belgique avec ses 7 m 80 de dénivellation. La cascade est alimentée par le ruisseau et les eaux des étangs du Coeurcq, paradis des pêcheurs.
En remontant la rue des Frères Taymans et la rue de Virginal, qui épousent une ancienne voie romaine, on passe à côté de la ferme du Coucou, où l’on découvrit au 19e siècle un trésor monétaire gallo-romain malheureusement détruit lors d’un incendie de l’ancienne Maison communale en 1887. Plus loin, à hauteur du lieu-dit le Rossignol, on en découvrit en second en 1977. Il est exposé au Musée de Tubize.
Enfin, en empruntant la rue de la Déportation, après avoir dépassé le Presbytère, construit en 1758, on longe la cité des Forges, avec ses petites habitations ouvrières typiques du début du 20e s.
© Luc DELPORTE
Office Tubizien du Patrimoine
Musée ‘de la Porte’