La ville de Tubize a connu un passé industriel important. Peu de vestiges de cette époque glorieuse sont encore conservés. Le Musée ‘de la Porte’ s’est donné pour mission de collecter un maximum d’informations sur les anciennes usines et les activités industrielles que connut Tubize. Un site Internet particulier a été créé pour mettre en valeur les résultats de ce projet au fur et à mesure de son avancement.
Début du projet : 2019 – Fin du projet : indéterminé.
Usines et entreprises concernées :
Le texte qui suit est celui d’une conférence donnée par le Conservateur du Musée, Luc Delporte, lors d’une journée d’étude organisée par l’ECHARP (Entente des Cercles d’Histoire et d’Archéologie du Roman Païs) – Congrés d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, 26-28 août 2004.
Organiser à Tubize une journée centrée sur la « Mémoire industrielle » en Brabant wallon ce n’est évidemment pas un hasard. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, le Brabant wallon était une région exclusivement agricole. Le XIXe siècle verra apparaître la mécanisation de l’agriculture et les premières industries agroalimentaires. L’exploitation du sous-sols, artisanale jusqu’alors, se développa intensément. La production de papier explosa et le secteur s’industrialisa rapidement. Le secteur textile suivit le même mouvement. Enfin, localement, la sidérurgie se développa également. Dans notre province cette « Révolution industrielle » sera surtout marquée dans l’Ouest. Et le centre de ce que j’appellerais volontiers cette « sous-région industrielle » était sans conteste Tubize.
Le Musée « de la Porte », musée communal de l’entité de Tubize, est un petit musée de l’histoire et de la vie locale. Il est donc normal qu’il s’intéresse, mais pas exclusivement, à l’industrialisation de la région. Mais, avant d’aller plus loin dans l’évocation du rôle actuel du Musée « de la Porte » dans la préservation de la Mémoire industrielle, il me semble indispensable de remonter quelque peu le temps et de se remémorer, au moins dans les grandes lignes, l’histoire industrielle de la région.
Si l’industrie s’est fortement développée à Tubize, alors que, a priori, on ne s’y attend pas nécessairement, c’est parce qu’on y rencontre certains facteurs favorables.
Au premier rang de ces facteurs favorables il y a le réseau de communication. Pas de développement industriel sans communications aisées, c’est là une évidence. Tubize se trouve pratiquement à mi-chemin entre l’axe industriel Haine-Sambre et Bruxelles. La localité est établie au point de convergence d’une série de très anciennes voies de communications venant du sud, traversant la Senne à l’endroit le plus favorable, c’est-à-dire au pont de Tubize, et se redéployant ensuite vers le nord. Depuis le début du XVIIIe siècle, une chaussée pavée mène directement de Valenciennes-Mons à Bruxelles et permet, au delà, les communications avec le nord du pays et, en particulier, l’accès à la mer par le port d’Anvers. Cette chaussée est donc, sans conteste, une première artère vitale qui rendra possible un développement précoce.
Un autre facteur favorable est la présence de nombreux moulins à eau. La première vague d’industrialisation, rappelons le tout de même, est principalement basée sur l’utilisation de la force motrice traditionnelle qu’est l’eau. L’infrastructure est ici assez dense dès l’Ancien Régime. En se cantonnant aux environs immédiats de Tubize, mentionnons, sur la Senne, les moulins d’Arenberg à Rebecq, le moulin de Quenast, les moulins de Ripain et deTubize ; sur le Coeurcq à Tubize, le moulin du même nom ; sur la Sennette, le moulin d’Oisquercq, celui de Clabecq ; sans oublier le Hain avec le moulin de Braine-le-Château. En aval de Tubize, on avait également des moulins à Lembeek et à Halle. Retenons simplement que la présence de ces « usines » avant la lettre sera déterminante pour l’établissement des futures industries.
Tout cela explique sans doute que, déjà à la fin du XVIIIe siècle, l’Ouest du Brabant wallon se distingue de l’Est de la province. On y trouve des agglomérations villageoises beaucoup plus peuplées et les « manufactures » ou les « fabriques », comme l’on disait à l’époque, s’y rencontraient en plus grand nombre.
Les Mémoires qui accompagnent la célèbre Carte de Cabinet levée par Ferraris insistent surtout sur la présence de nombreuses carrières de pierre, notamment au sud du village de Quenast.
Une étude sur les « grandes fabriques » vers le milieu du XVIIIe siècle (1764), relève la présence d’une centaine de personne travaillant dans l’industrie lainière à Braine-l’Alleud. Les autres fabriques importantes les plus proches étaient à Bruxelles, dans la région de Charleroi, voire même dans une certaine mesure à Nivelles.
S’il n’y avait guère de grandes fabriques, de petites manufactures apparaissent bel et bien dans les statistiques industrielles de l’époque. Sans compter les moulins, ce sont surtout des brasseries, distilleries et carrières de pierre qui y sont mentionnées.
Moins d’une vingtaine d’année plus tard, la situation a déjà bien changé. Pour paraphraser l’ouvrage de Jean-Louis Van Belle, c’est le 8 novembre 1781 que naissaient les Forges de Clabecq. Otton de Flodorp, seigneur du lieu, autorisait ce jour là l’érection d’un moulin à battre le fer dans son moulin à eau de Clabecq. Cette décision peut sembler étrange. Il est probable que les projets récurrents du Canal Bruxelles-Charleroi y étaient pour quelque chose. Quoi qu’il en soit, cet événement allait transformer radicalement et durablement la région.
Voilà, en quelque sorte, une situation bien en place à la fin de l’Ancien Régime. Les développements extraordinaires de l’infrastructure, notamment du réseau de communication, ont définitivement lancé l’industrialisation de notre région au XIXe siècle.
Le nombre de chemins de terre que l’on pava au XIXe siècle, améliorant ainsi les transports dans tout le pays, ne se comptent plus. Mais bien plus que les chaussées, la grande nouveauté pour notre région ce sera, tout d’abord, le Canal Bruxelles-Charleroi, commencé en 1827 et enfin inauguré en 1832, et, très vite après, le chemin de fer avec la mise en service de la gare de Tubize dès 1840.
Ce sont là deux événements majeurs qui expliquent, peut-être contre toute attente, le prodigieux développement industriel de Tubize et la sa région.
Les premiers à en bénéficier se sont bien sûr les Forges de Clabecq qui vont connaître un développement important. Il ne m’est pas possible de retracer ici l’histoire de cette entreprise, Madeleine Jacquemin évoquera peut-être tout à l’heure le cas de ses archives, aussi, comme pour les autres entreprises dont je parlerai, je me cantonnerai à évoquer quelques étapes de son développement. Alors que le canal est en construction, messieurs Warocqué et Goffin achètent la petite usine que vous voyez sur cette illustration et vont la développer. A côté du moulin à battre le fer, on installe, dès 1850, un premier laminoir à fer. En 1857 un laminoir à tôles est mis en service. La production d’acier n’y sera ajoutée qu’au début du XXe siècle et l’usine se dote alors de hauts fourneaux. L’expansion de l’usine sera continue : de 1500 ouvrier en 1896, on passa à 2000 en 1937, à 5066 en 1970, pour finalement culminer à 6228 en 1978.
Les Forges ne sont pas les seules a bénéficier du canal et du chemin de fer. Les industries liées au sous-sols étaient déjà présentes sous l’Ancien Régime : carrières de pierres à bâtir ou à paver, sablières, argile à briques ou à tuiles. Une pierre locale, l’Arkose, aura même son petit succès, mais c’est surtout le porphyre qui sera exploité industriellement. Joseph Zaman, homme d’affaire bruxellois, rachète et réunit de 1844 à 1851 diverses petites carrières à Quenast. En 1890, la « Société Anonyme des carrières de porphyre de Quenast » occupe 2000 ouvriers. Elle en comptera près de 3500 à la veille de la Grande Guerre.
Dès 1840, une Briqueterie et Tuilerie mécanique s’installe en face de la gare de Tubize, à même la couche d’argile qu’elle exploitera pendant plus d’un siècle. Ainsi naissent ce qui deviendra plus tard les Etablissements Léon Champagne.
Très vite aussi, les filatures industrielles, comme la Filature de coton Dehase fondée en 1855, s’installent à Tubize. La filature Dehase, dont les remarquables bâtiments existent toujours employa jusqu’à 150 ouvriers au tournant du siècle. Dans ce secteur d’activité, le cas de la vallée du Hain est intéressant. Le travail du coton y est d’abord caractérisé par le travail à domicile. Ainsi, vers 1860, il y avait à Braine-l’Alleud environ 1100 tisserands à la main sur une population de près de 7000 habitants. L’essor des machines à tisser mécaniques, devenues compétitives dans les années 1880, a concurrencé le travail manuel et concentré la production au sein de quelques entreprises : filatures de laine Allard-Minne ou de coton Jacobs, van Ham, Filature gantoise, etc.
A l’extrême fin du XIXe siècle, le site du moulin à eau de Tubize est choisi pour l’établissement de la première Fabrique de Soie artificielle du pays. Cette usine, connue par la suite sous la dénomination Fabelta-Tubize employait déjà plus de 4500 travailleurs après 25 ans d’existence. Ce nombre ne fera que diminuer par la suite.
Dans un autre secteur, pour acheminer ses pavés jusqu’au quai d’embarquement de Clabecq, Joseph Zaman installa un chemin de fer privé depuis Quenast. Il créa dans la foulée un atelier de réparation pour le matériel roulant des carrières, situé à Tubize.La Fabrique e Soie Artificielle de Tubize en 1904
C’est la naissance des Ateliers Métallurgiques de Tubize. Agrandi et modernisé dès 1853, ces Ateliers vont se lancer dans la production de matériel ferroviaire. En 1861 une première locomotive à vapeur sort de l’usine. Des centaines d’autres suivront et s’exporteront sur tous les continents. L’usine comptera jusqu’à 550 travailleurs.
Les exemples du développement industriel de la région sont encore nombreux. Je ne pourrai pas les évoquer tous. Il faudrait encore parler de la papeterie-cartonnerie apparue à Oisquercq dès les années 1820, des Verreries de Fauquez, fondées au début du XXe siècle dans les locaux d’une ancienne papeteries et qui comptera jusqu’à 1250 ouvriers, mais aussi des multiples petites fonderies et autres ateliers mécaniques qui ont fleuri un peu partout. Les quelques exemples que j’ai brièvement épinglé ici donne cependant une petite idée de l’ampleur du phénomène.
Avant la Grande Guerre, le paysage de l’Ouest du Brabant wallon est véritablement marqué par l’industrialisation. Les entreprises s’égrainent le long du canal Bruxelles-Charleroi. Les Carrières de Quenast, les Forges de Clabecq, les Ateliers Métallurgiques de Tubize, la Fabrique de Soie Artificelle de Tubize, les Filatures drainent une main d’œuvre nombreuse et exercent une pression démographique importante qui provoque de nouvelle concentration de population. Tubize s’urbanise fortement. Des quartiers entiers se développent, parfois à l’initiative des industriels eux-mêmes. C’est le cas avec la cité de Forges, la cité de la Soierie. C’est aussi le cas à Ittre avec les habitations ouvrières de Fauquez, à Quenast avec les habitations des carrières bâties en porphyre, et partout ailleurs où il est indispensable de loger une main d’œuvre importante. Le tableau et le graphique de la population de Tubize entre 1830 et 1960 illustre parfaitement l’accroissement démographique sans précédent qui correspond parfaitement à la période d’essor de l’industrialisation.
La Première guerre mondiale et la crise des années 30 sonnent le glas de l’essor industriel local. Si certaines entreprises parviendront malgré tout à se maintenir encore quelques décennies, la région n’est pas épargnées par les crises conjoncturelles. Les filatures et les ateliers de tissages ne se remettront pas de la crise économique des années 30. La seconde guerre mondiale sera fatale à l’industrie textile dans la vallée du Hain. Les Ateliers Métallurgiques de Tubize ne digèreront jamais le passage de la vapeur au diesel. Repris en 1950 par « La Brugeoise & Nivelles » ils fermeront leurs portes en 1958 lors du transfert des activités à Nivelles. Les Briqueteries et Tuileries du Brabant fermeront leurs porte en 1968. Fauquez disparaît en 1971. En 1980 c’est la fin des usines Fabelta. Cette entreprise, à la pointe de la technologie de l’époque et dont l’expansion avait été si rapide, qui avait essaimé aux USA, en France et en Hongrie n’atteignit jamais le siècle d’existence. Inutile de préciser qu’à chaque fermeture d’une de ces grandes usines, c’est une multitude de petites entreprises qui sombrent avec elles. Seules les Forges de Clabecq semblaient tenir le cap. Ce n’était tout au plus qu’un sursaut. Ce déclin ne fut évidemment pas sans conséquences : sociales bien entendu, mais aussi urbanistiques.
L’apport de main-d’œuvre massive avait poussé les grosses entreprises à construire des habitations pour leurs travailleurs. Le déclin de l’industrie lourde et les drames sociaux qui en résultèrent provoquèrent une second bouleversement urbanistique avec le développement des logements sociaux dans les années 70. Avec de gigantesques cités sociales comme celle des Bruyères (518 appartements) de nouveaux problèmes sont apparus : exclusion sociale, décrochage scolaire, délinquance, … La région ne comptait plus ses friches industrielles, véritables chancres qui ont largement contribué à l’image de marque négative qui a collé à la région ces dernières décennies.
La reconversion est toutefois amorcée.
Illustrations
Le zoning qui nous accueille aujourd’hui en est l’une des manifestation. Une nouvelle transformation du paysage est en cours et devrait s’accélérer dans les années qui viennent.
Voilà, brossés beaucoup trop rapidement – j’en suis parfaitement conscient – deux siècles d’histoire industrielle de la région de Tubize. Aujourd’hui, que reste-il de tout cela ? En réalité, bien peu de choses et parler de sauvegarde de la Mémoire industrielle est parfaitement adéquat.
Préserver cette Mémoire passe tout d’abord par la conservation des témoignages sur ce passé industriel qu’il s’agisse de documents, d’objets représentatifs, de photographies, etc. Il ne s’agit évidemment pas de tout conserver, ce qui n’est pas imaginable. Comment pourrais-je d’ailleurs conserver, dans mon petit musée, un métier à tisser la soie artificielle, une locomotive à vapeur, ou pourquoi pas encore un haut-fourneau ? C’est là le rôle de structures bien différentes de la nôtre, notamment de la Fonderie à Bruxelles dont Christine Dupont nous parlera tout à l’heure.
Un Centre de Documentation est en cours de création au sein de notre Musée. Une part importante de son fonds sera consacré à l’histoire industrielle de la localité. On y trouvera bien entendu des publications scientifiques ou didactiques, mais aussi des documents authentiques, émanant des entreprises elles-mêmes, comme des catalogues de productions, des brochures publicitaires, des échantillons, des photographies, des plans, etc.
Là où nous pouvons également être utile, c’est dans l’inventoriage de tous les vestiges, et je serais même tenté de dire de toutes les traces, de cette activité industrielle. Je fais évidemment allusion à l’archéologie industrielle. Ici non plus, l’objectif n’est pas, à terme, de sauver matériellement tout vestige de l’activité industrielle passée, mais bien d’en conserver, d’une manière ou l’autre, la trace (écrite, photographique, matérielle éventuellement). Certains chancres industriels devaient et doivent encore disparaître. L’essentiel pour nous est de savoir ce qu’il y avait à ces endroits, d’en préserver des traces qui pourront, par la suite, alimenter notre Mémoire industrielle.
L’Office du Tourisme et du Patrimoine, c’est-à-dire la régie communale autonome dont je suis le responsable et qui a, notamment, pour tâche la gestion du Musée « de la Porte », a aussi pour mission de réaliser l’inventaire du patrimoine de l’entité de Tubize. Le patrimoine industriel y aura sa place, une place de choix même.
Valorisation de ce patrimoine : sensibilisation par des expositions, des études et des publications
Préserver les témoignages, inventorier les traces, c’est essentiel, mais ce n’est pas suffisant. Encore faut-il valoriser cette Mémoire en constitution. Il faut sensibiliser le citoyen à l’intérêt de cette démarche. Cela passe par des études scientifiques, par des publications, par des expositions, mais aussi par la réalisation de dossiers pédagogiques, de promenades-découvertes thématiques, etc.
Notre Musée a décidé de s’inscrire dans cette logique. En principe, chaque année, une entreprise tubizienne devrait être au centre d’une exposition temporaire. Ce cycle d’expositions a débuté en 2002 et devrait se poursuivre dans les années à venir. A chaque fois, l’exposition est complétée par une publication-catalogue où nous nous efforçons de publier des documents originaux et inédits.
Ce cycle a commencé par une exposition d’ensemble évoquant le passé et le patrimoine industriel de Tubize. Elle fut l’occasion de confronter une sélection de photographies anciennes et des œuvres d’artistes tubiziens qui avaient pour sujet un site ou une activité industrielle. Parallèlement, nous avons édité un prospectus-promenade dans le centre de Tubize afin de permettre la découverte d’anciens sites industriels et de présenter les derniers vestiges de leur activité. Des promenades guidées, qui ont eu un certain succès, ont été organisées à l’attention des écoles. Le prospectus édité à cette occasion est d’ailleurs aujourd’hui épuisé.
En septembre 2002 ce fut au tour de la Fabrique de Soie Artificielle de Tubize d’être mise sous les feux de la rampe. Une exposition, organisée autour d’une quarantaine de photographies de la première usine prises en 1904, lui fut consacrée. Pour l’organisateur que j’étais, ce qui fut peut-être le plus frappant, c’est l’intérêt que portèrent les anciens de Fabelta pour la démarche. Je ne pourrais vous dire combien d’anciens ouvriers, et surtout d’ouvrières, j’ai rencontré. Souvent, elles étaient accompagnées par leurs petits-enfants et avaient ainsi l’occasion de raconter ce qu’était leur vie à l’usine. Ce fut aussi l’occasion pour le Musée d’entrer en possession de pas mal d’objets que des anciens de Fabelta possédaient encore chez eux et dont ils ne savaient trop que faire. Ce fut aussi l’occasion d’engranger les témoignages de ceux qui se souvenaient encore.
Le catalogue qui fut publié à cette occasion reprend in extenso l’album photographique de 1904. Premier d’une série que nous consacrerons à l’archéologie industrielle, il débute par un article général sur l’architecture industrielle en Wallonie. Un article de synthèse sur le textile en Wallonie aux XIXe et XXe siècles permet de replacer le cas, un peu particulier, de la soie artificielle dans le contexte de ce secteur d’activité. Enfin l’historique de l’entreprise est également présenté.
Cette année-ci, dans le cadre de l’année touristique consacrée à l’architecture, nous nous sommes inséré dans un réseau comprenant les villes de Mons et de Soignies et le Musée royal de Mariemont consacré à la découverte de l’Art Nouveau. Outre la réalisation d’un guide-promenade Art Nouveau dans Tubize, une exposition a été consacrée aux Briqueteries et Tuileries du Brabant. Etablissements Léon Champagne, et en particulier à la production des majoliques et terres cuites décoratives dont on s’est beaucoup servi fin XIXe et début XXe siècle. Il s’est agit là de faire redécouvrir aux Tubiziens d’abord, mais aussi à un public beaucoup plus large d’amateurs d’architecture et d’Art Nouveau, un patrimoine remarquable produit industriellement à Tubize.
Un catalogue accompagnait l’exposition. Après une introduction à la céramique comme élément d’architecture Art Nouveau, il présente l’historique des Etablissements Champagne, ensuite les aspects technique de la production dans l’usine. Le fil conducteur de cette exposition était le catalogue des productions majoliques du début du XXe siècle. Ce dernier est intégralement publié dans le catalogue.
A l’avenir, nous comptons bien poursuivre sur notre lancée. La prochaine exposition sera consacrée aux Ateliers Métallurgiques. Elle sera charpentée à partir des albums photographiques officiels de l’entreprise reprenant toute leur production depuis les débuts jusqu’à la fermeture. L’idée serait de publier ces albums photographiques et d’organiser quelque chose conjointement avec le chemin de fer de Treignes où du matériel roulant produit à Tubize est toujours en activité.
Celle qui suivra devrait être consacrée aux Forges de Clabecq. Le projet d’une exposition sur le Canal Bruxelles-Charleroi est aussi à l’étude.
Pour finir, j’évoquerai un projet qui est en gestation. De nombreuses friches industrielles vont prochainement être réaffectées : Falbelta, Brenta, à terme sans doute les Forges. Nous ferons ce que nous pourrons pour que les aménagements qui y seront réalisés soient le plus respectueux possible du patrimoine qui existe encore. C’est déjà pratiquement acquis pour ce qui reste du site de Fabelta. Dans les aménagement, nous nous efforcerons aussi qu’il y ait un lieu de Mémoire. Ainsi, dans le nouvel aménagement du site de Fabelta, nous replaceront le Monument aux ouvriers de l’usine victimes des guerres que nous avons préservé de la démolition. Dans le passage Champagne, passage commercial dans lequel ont été aménagés des services administratifs de la Commune et la Bibliothèque publique, nous songeons à une exposition permanente de panneaux reproduisant des photographies des Etablissements Champagne afin que les passants se souviennent de l’histoire du lieu.
Et pour la suite, rendez-vous dans quelques temps.
© Luc DELPORTE
Référence : L. DELPORTE, Le passé industriel de la région de Tubize et le rôle du Musée « de la Porte » dans sa préservation, dans Entente des Cercles d’Histoire et d’Archéologie du Roman Païs, Bulletin n° 32, 2004, pp. 7-11.
Office du Tourisme de la Ville de Tubize
Musée ‘de la Porte’